ou Rome plutôt que vous
Une proposition de théâtre de Noël Casale
Une production Théâtre du commun
Bastia, soir du 14 avril 2020. Intérieur nuit. Un homme, une femme. On finit de dîner. L’homme s’endort. La femme lit un cahier. En silence, puis à voix basse dans le sommeil de l’homme. Journal intime. On l’écoute. Semble s’être préparée à un voyage en Italie. Aurait dû être à Rome cette nuit (vieille promesse d’y retrouver quelqu’un) mais le monde est à terre depuis un mois et la mer est un mur. Elle parle comme on remonte un fleuve. Retour d’instants passés, de fantômes, vivants et morts, remémorés avec étonnement – Ind’una notte schjarita da a luna ma nebbiosa / dans une nuit baignée de lune mais brumeuse dit soudain l’homme. Se mettent à lire ensemble, à réciter, à dire, à jouer le rêve d’un voyage de l’autre côté de la mer. Voix qui élargissent la nuit. Liberté́ intérieure de plus en plus grande. Ouverture de gouffres. Vertiges. Plus grand-chose où s’appuyer au bout de la nuit. Au vent qui, peut-être, avec le jour va se lever et, comme au retour de la lumière dans la salle à la fin d’un spectacle, nous réveiller d’un sommeil qui nous a prévus longuement. N.C.
(…) Guardavamu ind’è l’ochji u mondu cum’ellu era, è cum’ellu venia fin’à quì, cinquant’anni fà. Trà quelli di noi chi duvianu more è quelli chì duvianu campà. Noi dui, simu sempre vivi. Forse averemu capitu cum’è ci vole à fà pè stà vivu. Forse. È quand’ellu ghjungherà u lume di u prussimu ghjornu, cercheremu di parlà sempre più bassu. Pè daci l’impressione chì ci ricurderemu sempre di stu mumentu. Guarda. Cusì bella Bastia addurmentata. Mi pare una di quelle cità antiche chì aspettanu da seculi di esse scuperta. Durmite, durmite (…).