L’AUTEURE / Sonia Chiambretto
Sonia Chiambretto, poète et écrivaine, est une des voix nouvelles qui marque la littérature contemporaine par l’originalité formelle de son écriture et la force et l’engagement de son propos. Elle dit écrire des « langues françaises étrangères ».
Ses textes publiés aux éditions de L’Arche, chez Actes Sud-Papiers, et aux éditions Nous, sont régulièrement mis en scène en France et à l’étranger.
Elle publie dans de nombreuses revues de poésie, donne des lectures-performances de ses œuvres et anime divers workshops dans les écoles d’art. Elle fonde avec Yoann Thommerel le Groupe d’Information sur les Ghettos (g.i.g) et co-écrit le Questionnaire Dramatico- Futuriste pour le Théâtre National de Strasbourg.
NOTE D’INTENTION DE LA METTEUSE EN SCÈNE / Catherine Graziani
Mon travail autour de l’écriture de Sonia Chiambretto remonte à 2012. J’ai créé 12 Sœurs slovaques avec 11 jeunes filles et femmes musiciennes-chanteuses, poursuivi avec Mon Képi Blanc (distribution identique) puis CHTO, interdit aux moins de quinze ans. Cette trilogie de l’exil et du déracinement aussi puissante que bouleversante fait des allers- retours entre poésie et humour.
En 2016, j’ai découvert le texte La Taïga Court, écrit suite à une commande du chorégraphe Rachid Ouramdane pour le spectacle Sfumato. « Description vraisemblable de ce que nous
réserve l’avenir, fondée sur un ensemble cohérent et intrinsèquement homogène concernant les principalesrelationsetforcesmotricesenjeu.» Ilenestnéunelecture-spectaclemusicaleavec guitariste, saxophoniste et DJ.
C’est ainsi tout naturellement que Supervision s’est imposé à moi.
Ce texte est une immersion à plusieurs voix dans le monde de l’hôtellerie de luxe, de l’école hôtelière aux retours clients sur TripAdvisor.
Prêtant l’oreille à ce territoire socioprofessionnel, Sonia Chiambretto saisit des échanges entre les portes, surprend des conversations de couloir, déconstruit le langage managérial, observe les corps mobilisés, la souffrance et l’efficacité du personnel de service. Mêlant fiction, témoignages et documents d’archives, dans une langue aussi technique que poétique, Supervision dessine une cartographie sensible de l’espace social et du travail, où derrière le sentiment d’appartenance au Groupe et la résignation ambiante, émergent des pensées critiques et des pulsions dissidentes.
Supervision fait ainsi entendre les voix d’une population invisible. Femmes de chambre, serveurs, barmen ou cuisiniers, tous sont au service du client, dans un univers hiérarchisé, violent. Employés le plus souvent sans visage, ils prennent ici corps et langue, le temps d’une déambulation dans ce Palace Blue Hôtel 5 étoiles, déambulation qui nous conduit dans les arrières-cuisines ou les lingeries.
NOTE D’INTENTION DE LA DIRECTRICE MUSICALE / Celia Picciocchi
La musique du spectacle Supervision a été choisie autour de deux axes.
Comme souvent dans l’écriture de Sonia Chiambretto, la pièce confronte des individus d’origines très diverses à un système très contraint et les observe dans leur tentative (parfois réussie) de s’y conformer. Chacun y a ses raisons et ses tensions. Ici ce sont des personnes issues de milieux modestes, employées dans un hôtel de luxe.
J’ai pour cela choisi d’articuler un travail de chœur autour de chants de travail, l’un italien (‘E le la va’n filanda’) et l’autre jamaïquain (‘Banana Boat Song’), illustrant le rythme du travail et la coordination de l’ensemble. Les autres chants sont des prises de paroles individuelles, laissant émerger les aspirations, états d’âme et tensions émotionnelles des personnages obligés la plupart du temps de mettre de côté leurs affects.
DISTRIBUTION
Né en 2014 de l’Atelier Théâtre Mouvement Musique, le Groupe Divirsioni est dirigé par Catherine Graziani, actrice et metteuse en scène au sein de la Compagnie Théâtre Alibi. Pour la direction musicale de Supervision, elle est assistée de Celia Picciocchi, musicienne. Le groupe 2022 est composé de 10 femmes et 2 hommes, soit 12 acteurs pour délivrer cette parole souvent ironique, drôle, parfois grinçante. Tous ont une pratique théâtrale, musicale et/ou chorégraphique. Certains sont des professionnels de la scène.
Estelle Albertini – Corinne Allegrini – Santa Bacchini – Laetitia Brighi – Paule Combette – Philippe Descamps – Muriel Dubois – Luce Giuganti – Laurent Gueirard – Rosa Müller – Livia Leoni Martinez – Caroline Pount
Direction des chœurs : Celia Picciocchi Composition musicale du final : Enzo Mosconi Lumière : Sylvaine Comsa
Mise en scène : Catherine Graziani
Musiques additionnelles : ‘Blue Hotel’ de Chris Isaak – ‘No Me Llores Más’ d’Omara Portuondo – ‘Le Bal’ de Bernard Lavilliers – ‘Demasiado Corazón’ de Willy DeVille